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Fact checking : la pandémie a t-elle engendré une hausse des cas d’excision au Sénégal et une augmentation de 30% des cas de mariages d’enfants ?

En marge de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales, le média français France Info a publié un article intitulé : « Le covid 19 met un coup d’arrêt à des années de progrès dans la lutte contre l’excision ». Le média y indique "qu'au Sénégal, 26 % des femmes sont victimes de mutilations génitales féminines et que la pratique revient à cause de la pandémie de covid 19 ”.

France Info ajoute également "qu'une augmentation de 30% des mariages d’enfants a été notée à cause de la pandémie”.

Capture d'écran de l'article de FranceInfo


Quelle est la source de France Info? 

Une seule source est mentionnée dans l'article à propos d'une augmentation de 30% des cas de mariage d'enfants au Sénégal, il s'agit de l'ONG World Vision.

Nous avons contacté l'auteur de l'article, Nathanaël Charbonnier, pour connaître la source des autres affirmations et données contenues dans la publication. Il nous a indiqué avoir utilisé les rapports de World Vision Qui travaille sur la question.


Que dit World Vision ?

Contactée, World Vision confirme être à l’origine des chiffres et affirmations mentionnées dans l’article excepté le pourcentage de 26% de femmes excisées au Sénégal. « Ce chiffre, c’est le journaliste qui l’a donné », nous a-t-elle expliqué

En ce qui concerne la hausse de mariage d’enfants, World Vision relève qu'il s’agit d'estimations qui s’appuient sur les tendances observées en 2015 dans une des ses études à la suite de l’épidémie d’Ebola dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Mais elle précise que ce chiffre ne concerne pas le Sénégal en particulier. Pour plus d’approfondissements, ils nous ont fait parvenir quelques documents et liens d'articles.


S'il est indiqué que les risques de violences sur les enfants sont réels, il n'est, par contre, affirmé sur aucun des documents "une hausse de 30%" des mariages d’enfants à cause de la covid 19.  Ce n'est que dans le rapport "COVID-19 AFTERSHOCKS qu'il est mentionné ce pourcentage de 30%( à la page 17). Mais, ce taux a été émis par les auteurs du rapport à titre uniquement illustratif dans le cadre d'une hypothèse sur la corrélation entre maltraitance des enfants et violence domestique. 

Pour appuyer cette version, les auteurs de l'étude donnent en effet un exemple selon lequel une augmentation de la violence domestique  de 30% entraînerait une augmentation de 30% ou moins de la maltraitance des enfants. Il ne s'agit donc pas de résultats d'études.

Les précisons de l'UNFPA

Nous avons également joint l’UNFPA pour plus de précisions. L'union des nations unies pour la population affirme que les graves répercussions sociales économiques de la Covid-19 exigent une intensification de la protection en faveur des femmes et des filles. Mais, ils n’ont pas réalisé d’étude faisant état d’une augmentation des mariages d’enfants ou de l’excision au Sénégal. 

 

la prévalence des mutilations génitales féminines

Selon Mamadou Ndoye, chargé du programme  " Appui à l’accélération de l’abandon de l‘excision" au Ministère de la femme de la famille du genre. "la prévalence de l’excision au Sénégal est de 25,2% pour les femmes de 15 à 49 ans et Le pourcentage de filles de 0 à 14 ans excisées est de 16,1% en 2019." Des données contenues dans l’enquête démographique de la santé  continue  de 2019 (la dernière des séries EDS).

Ci-dessus la prévalence des mutilations génitales féminines selon l’âge et les régions naturelles au Sénégal

ÂGE

Prévalence %

15-19

23,7%

20-24

24,2%

25-29

27,5%

30-34

25,4%

35-39

25,4%

40-44

27,0%

45-49

23,0%

 

Région

Prévalence %

nord

37,7%

ouest

12,9%

centre

5,5%

sud

79,6%

    

Source : EDS

La pandémie a impacté la sensibilisation contre l’excision

Mamadou Ndoye chargé du programme « Appui à l’accélération de l’abandon de l‘excision » au ministère de la femme et de l’enfance, nous a assuré que la pandémie a certes eu un impact sur l’excision mais cela a plus un rapport avec les activités de sensibilisation et de mobilisation au niveau communautaire qui n’ont pas pu se dérouler durant le confinement. 

Mais il précise n’avoir connaissance d’aucune étude qui démontre une quelconque hausse des mutilations génitales au Sénégal pour le moment. Les seules données disponibles à propos de l’excision sont celles fournies par l’enquête démographique pour la santé de 2019 (EDS).


Non, il n’y a aucun étude ou rapport qui démontre une hausse de 30% des mariages d’enfants au Sénégal

Selon l’Unicef, le mariage d’enfants désigne tout mariage officiel ou toute union non officialisée entre un enfant de moins de 18 ans et un adulte ou un autre enfant. Au Sénégal tous les services auxquels nous  nous sommes adressés (Unicef Sénégal, UNFPA, ministère de la femme) nous ont assuré que jusqu’ici il n’y aucune étude portant sur la hausse des mariages d’enfants lié à la pandémie.  Par ailleurs, la coalition nationale pour l’abandon des mariages d’enfants qui fait partie de la société civile, nous a appris qu’il y a une étude en cours sur la relation entre la Covid-19 et les mariages d’enfants mais les premiers résultats ne sont pas encore sortis. Les seules données existantes pour le moment sont celles de l’enquête démographique pour la santé continue (EDS). Les données concernant les personnes qui se sont mariées avant l’âge exact.


Pourcentage de femmes et d’hommes 15 49 ans mariés qui étaient en première union avant d’atteindre l’âge exact



femmes

hommes


15-19 ans

20-24

25-29

30-34

35-39

40-44

45-49



4,1

8,8

9,8

9,0

6,2

8,3

8,6

0,2

0,0

0,1

0,2

0,4

0,3

0,0



Source : 

Enquête démographique pour la santé continue au Sénégal (EDS) 2019.


Conclusion

Au Sénégal, France info a récemment rapporté que « le Covid-19 met un coup d’arrêt a des années de progrès dans la lutte contre l’excision », que le taux d’excision dans le pays est de 26% et qu’« une augmentation de 30% des mariages d’enfants a été notée à cause de la pandémie », citant World Vision comme source.

Cette dernière affirme être à l’origine de ces déclarations, à l'exception de l'information sur le taux d'excision, mais reconnaît n'avoir émis que des hypothèses.

Toutes les entités travaillant sur ces questions au Sénégal nous ont confirmé que jusqu’ici il n’y aucune étude qui démontre une hausse de l’excision au Sénégal encore moins du mariage des enfants de 30%  à cause de la pandémie au Sénégal. Par ailleurs, la coalition nationale pour l’abandon des mariages d’enfants (CONAME) qui fait partie de la société civile, nous a appris qu’il y a une étude en cours sur la relation entre la Covid-19 et les mariages d’enfants mais les premiers résultats ne sont pas encore sortis. En ce qui concerne la prévalence de l’excision au Sénégal on peut bien voir dans l’enquête démographique de la santé continue au Sénégal, qu’elle est de 25,2% pour les femmes de 15- 49 ans et 16,1% pour les filles de moins de 15 ans.

Par conséquent la déclaration selon laquelle la pandémie de la Covid-19 a engendré une hausse de l’excision et des mariages d’enfants au Sénégal n’est fondée sur aucune preuve. 



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