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Journée internationale du migrant : Quand la musique déclame pour une migration sans risques

Le 18 décembre 2022, le Sénégal a célébré la Journée internationale du migrant. Pour cette nouvelle édition, la région de Kolda a assuré l’accueil de cet événement. Sous le thème de la promotion de la souveraineté alimentaire pour la valorisation des ressources à travers l’investissement productif de la diaspora et des migrants de retour, les questions de financement, en particulier le bon financement, ont façonné le débat. Autour de cette thématique a aussi plané l’art, entre musique et sketch. Les acteurs se sont donnés à fond pour sensibiliser sur la migration irrégulière.


Comme la poésie et la littérature, la musique est un moyen pour raconter des histoires d'expériences migratoires. Et c’est encore meilleur lorsqu’elle est chantée dans une langue maternelle. Lors de cette journée internationale du migrant célébrée à Kolda différents artistes ont défilé sur scène pour sensibiliser sur les risques de la migration irrégulière et inviter davantage la jeunesse à investir dans leur communauté. C'est le cas d'Ousmane Diallo. Il fait du Rap depuis 2010. Père de deux enfants, l'homme s'est plusieurs fois aventuré dans les pirogues et le désert afin de réaliser son rêve, chanter. "Quand j'ai contacté mes amis, ils m'ont persuadé de venir en France. Mais je ne me doutais pas que j'allais vivre la pire expérience de ma vie", explique le monsieur d'une trentaine d'années d’un caftan bleu.


Pendant six mois à Malte et deux ans et demi en Libye, il a enduré la prison et la torture. " En plus de raconter mes expériences et de vivre ma passion, j'essaie d'informer à travers ma musique et de parler de certaines réalités telles que la migration, le banditisme… Aujourd'hui l'OIM m'a permis de rentrer chez moi et de voir ma famille. Je connais des gens qui sont morts pendant le voyage. Je ne veux plus revoir ce genre de chose ici à Kolda", explique-t-il, ajustant ses lunettes noires fumées. 

Selon lui, la solution tant pour les jeunes que pour les gouvernants est d'avoir à cœur d'investir à Kolda. " J'ai essayé d’aller en Europe plus d’une fois. J'ai perdu énormément d’argent et j’en ai également fait perdre à ma famille. Elle a payé des millions pour qu’on me libère des prisons libyennes", raconte-t-il. Désormais conscient du potentiel de sa région, il investit dans l’agriculture et emploie cinq personnes dans son champ.

Du son, des mots pour dire et rire

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 50 000 migrants sont morts sur les routes migratoires à travers le monde depuis 2014. L'idée derrière cette balise est d'empêcher les migrations irrégulières. Dans cette dynamique, les artistes n'ont pas dérogé à leur devoir de sensibilisation. Spectacles, danses, rires et blaguounettes ont étourdi les visages des migrants de retour au rendez-vous.


Tengade (chapeau de paille) sur la tête, Ahmadou Bamba offre tout pour une prestance digne de ce nom. Gesticulant çà et là sur le présidium, des risques de la migration irrégulière aux conséquences désastreuses pour les familles, sa déclamation tonne et toute l'attention est concentrée sur ce fils de rapatrié qui s’inspire bien de son histoire. Vêtu entièrement de bleu, ce poète, artiste et slameur, croit que le slam est l'art de parler directement aux gens et faire parvenir les messages que l’on veut sans détours.

L'adjudant Abdou Diakhaté, qui assistait aux célébrations de la Journée internationale des migrants, a été émerveillé par les spectacles de la troupe de théâtre de Kaolack et la présence particulière du groupe musical Bidew bu Bess. Il le raconte avec beaucoup d'amusement. “Ils ont mis le feu sur scène ", dit-il avec un sourire. Des faits confirmés par Souleymane par Diallo, un migrant de retour présent à la grande salle du conseil départementale de Kolda : "Je ne me souviens de rien de tel en 2002, et je suis convaincu que cela aide beaucoup à conscientiser les personnes qui envisagent de partir par la voie irrégulière”, lance-t-il comme amusé.


Dans cette foule chargée d'effervescence et d'histoire, Matar Ndiaye en a profité pour vendre son CD. Avec plus de 5 singles, l'artiste dakarois, pour 5 000 francs, vous fait découvrir son parcours d'immigré. "J'ai toujours été passionné par la culture et la musique. Il y a des années, je pensais que je donnerais tout pour réussir et être connu dans ce milieu, mais là, je me trompe. J'ai choisi une voie qui n'a pas abouti, et c’est cela que je veux éviter à nos jeunes frères à travers mes chansons”.


Matar Ndiaye en train de vendre son CD

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